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Lion pressé.

par discothequelelaser06 5 Juin 1984, 23:03 Texte

Si vous êtes un habitué du Laser, vous avez fortement croisé un grand dadet avec autant de barbe que de cheveux, ouvrant aussi bien sa grande gueule que les bouteilles de champagne qu'il engouffre généreusement en compagnie de gonzesses aussi discrètes que les bagnoles qu'il transforme dans son garage de l'Est Niçois. Lui, c'est Alex, alias "Le Parigot". Le Parigot, parce qu'il passait la moitié de son temps là-haut, et que ses Mercedes portaient toutes le 7-5 sur leurs plaques d'immatriculation. Comment a-t-on encore rencontré cet énergumène ? Oh pauvre...

 

Cet été 1984 avait de la peine à démarrer, je sais pas pourquoi mais la colle avait du mal à prendre. Ca faisait un an que la discothèque était ouverte, V. et ma pomme étions très contents du résultat, surtout pour une idée qui est sortie de nul part, au petit matin, autour d'un Ricard trop chargé. J'étais à la bourre pour rejoindre mon compère à Roquebrune, et même si nous n'étions qu'au début du mois de Juin, les touristes allaient déjà me casser les rouleaux pour arriver à bon port dans un temps acceptable. Alors je sautais dans ma Porsche 924, "la Porsche du peuple" comme on l'appelait à l'époque. Rien de grandiose, une deux-litres rachetée en retour de vol, mais bon Dieu que c'était sympa à conduire. Je remontais la corniche André de Joly en écoutant le dernier Ken Laszlo, vitres baissées, chemise impeccable. J'arrivai au col de Villefranche, puis continuais en direction du boulevard de la corne d'Or. Deuxième feu rouge. Grrrbondieujevaisjamaisarriveralheure. Je montais un peu le volume du poste. Je passe les virages, l'arche en pierre, les Nordistes perdus avec leurs 104Z, et tombais finalement sur Bella Vista. On va enfin passer aux choses sérieuses. J'entamais à peine la deux-fois-deux-voies qu'une paire de phares jaunes m'arrivèrent dans le rétro, pire qu'un affamé sur une démonstratrice Cochonou dans ton Leclerc préféré. Je tombe un rapport, pousse un peu le Katcylind', les phares escamotables se redressent, on est bien. Mais c'est qu'il me lâche pas ce con ! Quand les brêlons du secteur voient "Porsche" devant eux, ils respectent, et hormis quelques GTi un peu joueuses, j'arrive à garder la pôle. Mais lui, non. Et c'est qu'il me passe devant, l'animal, et en pleine montée. J'ai jamais vu une 505 passer si vite. Ah, Turbo Injection, que dit le badge de la malle arrière. Enculé, va. Je tente le tout pour le tout, fait cracher leur mère aux 125 chevaux de mon moulin atmosphéranémique de merde, et le retrouve à l'entrée d'une courbe, avant de le péter dans ladite courbe. T'as beau avoir un turbo mon loulou, t'as pas le chassis d'une belle de Stuttgart. On repasse en double sens. Ouf, je ferme la marche, mais je sens mon adversaire légèrement remonté, et faudrait pas que j'ai à piler fort, sinon on va faire un tiercé gagnant, 505924, dans cet ordre.

 

J'ai tenu tête jusqu'au début de la Moyenne, où la route repasse en 2x2, où tout est possible, où la 505 a mis la 3ème et m'a doublé avec un bruit d'aspiration qui ferait pâlir les professionnelles qui exercent aux alentours de l'aéroport, tard le soir. La 505, je l'ai plus revue, et Ken Laszlo avait terminé son Hey Hey Guy depuis bien longtemps. Je reprenais un rythme plus maréchaussable jusque Roquebrune. Quelques titres plus loin, mes roues touchaient enfin au gravier du parking du Laser. Les clients étaient déjà là, V. avait assuré l'ouverture, je savais que ça allait nous coûter cher en Ricard. Je posais mon destrier à côté d'une péniche immatriculée 06, une bagnole en deux tons de gris avec un becquet de coffre couleur carrosserie, une bordel de 505 turbo-injection dont tous les métaux faisaient encore tic-tic-tic du run qu'elle venait de se taper entre chiens et loups. Son proprio était appuyé contre l'aile avant, en train de fumer une clope d'un air nonchalant, un costard noir en guise de combinaison. Allons voir ce qu'il raconte, le pélo.

-Ca tire pas mal pour une guimbarde de père de famille. Combien ?
-Hmm 160 chevaux, et pour l'instant je préfère trimballer 3 bimbos que la famille en or. Dis, t'aurais eu une S, ça n'aurait pas été la même limonade. On m'a dit que ce club vaut le détour, tu confirmes ?
-Ce club loustic, c'est à mon pote et à moi, mais je suis bon perdant, j'accepte que tu payes la première tournée.
-Minute patron...Ton barman, il a de la liqueur de banane ? Je vais te faire découvrir un truc.

 

Le premier soir, on s'est pas souvenu du goût du cocktail qu'il nous a fait découvrir, et aussi bien la 505 que la 924 sont restées sur le parking cette nuit là, tellement on a fini torché, mais depuis, Alex est définitivement devenu un pilier solide du Laser, et s'il vous propose une boisson un peu vert fluo, ne faites pas les braves.

Lion pressé.
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